Anthony Rahayel, incontournable by Carla Henoud
Rencontre C'est sous le désormais célèbre nogarlicnoonions que Anthony Rahayel s'est fait une deuxième vie et une nouvelle identité. Dentiste chirurgien prothésiste le jour, il se transforme la nuit et à ses heures perdues, vite retrouvées, en critique gastronomique, au Liban et à l'étranger. Une passion qui lui coûte cher, mais qu'importe, quand on aime, on ne calcule pas !
La journée d'Anthony Rahayel a démarré, aujourd'hui, par un petit déjeuner dans un café de la ville, pour y déguster, incognito, les nouveaux beignets de l'établissement et retourner, vite, à son ordinateur, annoter ses remarques qu'il veut objectives et libres, avant de les partager avec ses « followers ». Puis, il ira à la découverte d'un boulanger caché ou d'une sandwicherie de quartier. Ensuite, il fera un à deux déjeuners dans des restaurants dont il a lu, entendu parler ou vu l'enseigne. Idem pour le dîner qui clôture sa journée nogarlicnoonions. La nuit est longue, il lui reste à rédiger ses 5 articles quotidiens... Demain est un autre jour, mais pas de problèmes, le dentiste sera fin prêt à (re)vêtir sa blouse blanche. Boulimique, Anthony Rahayel l'est, pas de nourriture mais de détails. Devenu reporter gastronomique d'une manière improvisée, il a réussi en deux ans à s'imposer comme une référence dont les restaurateurs espèrent l'appréciation, un sticker qu'ils collent à leur porte, un label de qualité. « J'ai toujours aimé les détails », avoue-t-il, ce qui l'a poussé, depuis plusieurs années, à poster des photos sur un site qui porte son nom et réunir, dans un ouvrage paru en 2010, sous le titre « B. Lebanon », des clichés sur les folles nuits de la capitale.
Un blog gourmand C'est en rédigeant des récits de voyage, en y partageant ses expériences d'hôtels, de restaurants et autres critiques dans le site Trip Advisor – qui en a fait un « top contributeur » – qu'il décide de créer une « plate-forme » où, confie-t-il, « je mettrais mes impressions et mes photos, un espèce de calendrier personnel accessible aux gens, que je pourrais revoir un jour... ». Dans son blog, démarré en mars 2012, le jeune homme a juste envie de conseiller, évaluer, critiquer, mais d'une manière constructive, et avec le maximum de détails. « Le client, souligne-t-il, a le droit, quand il paye, de savoir si un restaurant est valable. Il a le droit d'être bien servi. » À ceux qui pourraient penser que le critique est influençable, il répond : « Je paye toutes mes additions, je n'accepte aucune invitation et je ne subis aucune pression puisqu'il n'y a aucune publicité dans mon site. » Ses critères, notés sur 100, se basent, dans le désordre, sur l'accueil, la température ambiante, la décoration, l'ambiance, le menu, le goût, la présentation, le service, la température de la nourriture servie et enfin la qualité de l'air.
Les résultats, en points, sont ainsi commentés : 0-9 points : à éviter! 10-19 points : terrible ! 20-29 points : mauvais ! 30_39 points : médiocre ! 40-49 points : O.-K. ! 50-59 points : correct ! 60-69 points : bon ! 70-79 points : génial ! 80-89 points : impeccable ! 90-95 points : renversant ! 96-100 points : intouchable ! Moins de deux ans plus tard, il a passé en revue 750 restaurants au Liban et dans le monde, dont 450 cette année, testé 75 hôtels, réuni 11 000 visiteurs, irrité certains, convaincu une majorité.
Grand voyageur, grand gourmand et grand curieux, il ramène, inlassablement, des « trésors cachés », lieux, adresses, souvenirs, rencontres avec de grands chefs, et découvertes. Le nom lui est venu, comme une évidence, en raison de son intolérance à l'ail et à l'oignon ! « Ce qui ne m'empêche pas, précise-t-il, de juger de la qualité d'un plat. Mieux encore, un hommos sans ail est plus difficile à réussir et ne peut être servi deux jours plus tard ! »
Passion En tapant www.nogarlicnoonions.com, la page s'ouvre, clairement, sur plusieurs rubriques identifiées par différentes couleurs : les restaurants et hôtels, les découvertes, les gadgets et ustensiles utiles, les news, le choix des amis, le streetfood, les recommandations de NGNO et enfin les carnets de voyage. Restent les milliers de détails à lire, les reportages, les 50 meilleurs restaurants de l'année, le top 10, le tout servi par des photos prises sur le vif et enfin les réactions des internautes, même celles, quelquefois, pas satisfaites d'une critique. « Je n'ai aucun problème avec les mécontents. Lorsque je poste leurs réactions, ce sont d'autres personnes qui y répondent, spontanément. C'est important qu'un dialogue s'installe. » Élu « Best food blog in Lebanon », et, par Time Out, « Best blog about Beirut », Anthony Rahayel ne compte pas s'arrêter là. Avec un site « rafraîchi » en préparation, il espère développer sa passion et se diversifier, installer sa réputation internationalement et devenir une référence incontournable, fort d'une expérience qu'il développe au quotidien.